Du Comité de quartier Botanique au DSQ (Développement social du quartier Botanique), Irma Bozzo s’est engagée depuis les années 70 dans une lutte constante pour obtenir de meilleures conditions de vie pour les « laisser-pour-compte » de la commune. Parcours d’une assistante sociale militante hors norme, mais enfant de Saint-Josse avant tout.
Irma Bozzo a grandi rue de la Rivière, un quartier qui rassemblait à l’époque beaucoup d’immigrés italiens. Elle décrit son enfance heureuse, même si sa famille avait du mal à joindre les deux bouts et qu’il y avait souvent des bagarres, l’ambiance générale dans le quartier restait chaleureuse, les habitants s’entraidaient et se connaissaient tous.
Suite au décès de son père, Irma et sa mère emménagent dans un logement social communal, rue Saint-François. Elle fera ses primaires à l’école Saint-François (actuelle école « Les Tournesols ») et ses secondaires professionnelles à l’école Henri Frick. À 16 ans, Irma quitte l’école pour travailler dans les usines, mais très vite, elle se rend compte que ce n’est pas ce qu’elle veut faire.
En 1968, elle décide alors, avec plusieurs amis du quartier, de créer une Maison de jeunes. Le Bourgmestre de l’époque, Guy Cudell, accepte de leur fournir un local. Ayant décelé la fibre sociale d’Irma, c’est un des assistants sociaux du « Clou » qui l’encouragea à passer l’examen d’entrée pour devenir à son tour assistante sociale.
Après trois mois de révisions et un examen réussi, Irma entame ses études et développe le Comité de quartier Botanique.
Le quartier connaît à ce moment-là une refonte radicale avec le plan Manhattan. Unis contre le promoteur immobilier du Groupe Structure qui voulait abattre des immeubles sociaux pour en faire des immeubles de standing et des tours de bureaux, Irma et son équipe vont entamer un combat qui durera plusieurs dizaines d’années.
Parallèlement à la Maison de Jeunes, Irma commence également à fréquenter le « 1917 », une Maison des jeunesses communistes. C’est à leurs contacts qu’elle va réellement comprendre la politique, savoir comment mener des négociations et analyser les situations. Après des années de lutte, les protestations des comités de quartier et des pouvoirs locaux ainsi que la conjoncture immobilière limitera le projet à l’actuel « Espace Nord ». Le rachat des habitations est négocié avec l’agglomération de Bruxelles, qui s’occupera ensuite de les rénover tout en relogeant partiellement ses habitants. A l’annonce des expropriations, nombreux immigrés et personnes âgées attachées au quartier s’en vont, ne pouvant supporter les retards de chantiers des logements sociaux, on assiste alors à un exode de la population et à un déclin économique du quartier Nord. Irma le confirme, elle observe les rénovations et les relogements avec joie mais se désole du départ des petites industries (du cinéma, les artisans...) et l'ouverture de commerces mono-culturels moins diversifiés qui laissent doucement transparaître un désert économique.
En 1991, une fois la mission accomplie et le Comité de quartier dissous, Irma et d’autres habitants se sont attaqués à d’autres problématiques. Ainsi est né le DSQ : Développement Social du Quartier Botanique, qui rassemble une dizaine d’associations actives dans le quartier Nord comme la Maison rue Verte, Inser'Action, le foyer restaurant de la Maison de la Famille, l'école Tournesols, le PCS Botanique, ... En regroupant ces diverses associations une fois par
mois, le DSQ avait, et a toujours comme objectif, d’améliorer la qualité de vie des habitants. La commune de Saint-Josse participe également aux réunions.
Durant ces années, Irma entame de nouvelles études à la FOPA de l’UCL et obtient une licence en psychopédagogie. Parmi les nombreuses actions menées par le DSQ, quelques-unes lui tiennent particulièrement à coeur : elle se souvient de l’opposition à la fermeture de l’école communale « Les Tournesols » ou encore de l’aménagement du parc Saint-François via les Contrats de quartier, lieu vital de rencontres et d’échanges...
C’est donc tout naturellement que la commune de Saint-Josse a nommé Irma Bozzo citoyenne d’honneur en mai 2019, elle qui vient de prendre sa retraite, après plus de 40 ans d’engagement. Une retraite qui n’est pas synonyme de désertion, puisqu’elle continue son action syndicale ainsi que son activité d’assistante sociale bénévole
à l’Office de la naissance et de l'enfance (ONE).