C’est dans le jardin fleuri de la Maison de repos tennoodoise Anne Sylvie Mouzon, rue de la Cible 5, que nous faisons une rencontre « masquée » avec l’infirmière Elizabet Ayik. Née à Saint-Josse, la jeune femme nous raconte comment, en secondaire, en pleine recherche d’orientation professionnelle une certitude s’est naturellement dessinée : « j’aimerais pouvoir aider les gens et me sentir utile ».
« Le métier d’infirmière n’était pas une vocation au départ », précise-t-elle, mais plutôt une intuition qu’elle décide d’approfondir durant ses études d’infirmière à la Haute École Francisco Ferrer.
Intégrée au Centre Hospitalier Universitaire Brugmann, l’école leur offre un cursus rythmé par de nombreux travaux pratiques.
Sa première expérience étudiante dans une Maison de repos ne fut pourtant pas concluante. Pas facile pour une étudiante de s’immerger dans les pratiques gériatriques. Préoccupée par la relation médicale qu’entretiennent le personnel soignant et les personnes âgées, Elizabet Ayik développa sa réflexion dans son mémoire de fin d’études intitulé « En quoi une référente en démence est un atout en gériatrie ? ». En faisant ses recherches auprès
de l’asbl Alzheimer, elle rentra en contact avec Carine Geldof, Référente en Démence à la Maison de repos Anne Sylvie Mouzon.
Une rencontre qui lui permis d’abonder vers un dispositif médical et social plus respectueux des résidents. Carine Geldof devint non seulement sa promotrice externe mais aussi son mentor.
Engagée initialement sous un statut de remplacement, cela fait aujourd’hui 7 ans qu’Elizabet s’épanouit dans l’équipe du « Cantou » (étage réservé aux maladies de démence : Alzheimer, démence vasculaire, …) de la Maison de repos Anne Sylvie Mouzon.
Accompagner les résidents, préparer leurs soins et médicaments, travailler leurs repères et favoriser les autonomies sont ses tâches essentielles en tant qu’infirmière de jour.
En cette période de lutte contre la propagation du Covid-19, toutes les équipes se sont retroussées les manches pour troubler le moins possible les résidents et les aider à passer le cap, loin de leurs familles. Un protocole a rapidement été mis en place et les portes se sont fermées pour la sécurité sanitaire de tous. Du matériel sanitaire (masques, gel hydro alcoolique, combinaisons, visières, …) a pu être distribué aux équipes médicales. Parfois
incompréhensible pour les patients, l’absence des proches a heureusement pu être adoucie par des échanges vidéos sur messagerie entre les familles et les aides-soignants.
Le 6ème étage a été réquisitionné pour pouvoir mettre en confinement (14 jours) les personnes présentant au moins deux des symptômes du coronavirus. Par la suite, lorsque les tests ont pu se généraliser vers la mi-avril, les patients ont pu être systématiquement contrôlés. Jusqu’à présent, la Maison de repos a finalement traité peu de cas Covid-19, contrairement à d’autres maisons de repos bruxelloises.
« L’équipe infirmière est très soudée. Nous sommes une presque une vingtaine (infirmières de jour, volantes, de nuit et infirmières en chef) à avoir reçu beaucoup de soutien de nos responsables durant ces derniers mois » raconte Elizabet. « Grâce à l’écoute et une bonne communication entre nous, avec les médecins et la direction, les décisions ont pu être discutées et ajustées pour faire face aux problèmes rencontrés dans l’urgence. Pour préserver la santé des résidents, nous avons parfois dû prendre sur nous en limitant drastiquement nos rencontres avec nos propres familles pour ne prendre aucun risque pour les personnes à la santé fragile que nous soignons tous les jours ».
Les visites des familles suspendues pendant le confinement, ont pu reprendre sur rdv dans un local dédié, aménagé avec un plexiglas pour la santé de tous.
Organisée, rigoureuse, Elizabet ne fait pas les choses à moitié.
Elle aime aussi tisser des contacts avec les résidents. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à la surnommer « La fusée » ou « Speedy Gonzales », tant elle est énergique et a un débit de paroles plutôt élevé ! Actuellement, marraine de 3 résidents, elle confirme la difficulté de prendre de la distance, tant il s’agit d’un travail intense.
« Accompagner la fin de vie, n’est pas tous les jours facile. Pourtant nos petites victoires apparaissent à l’horizon quand, par exemple, un patient récupère et se refait doucement une santé ».
Nombreux sont ceux qui réalisent aujourd’hui le travail indéniable mené par les métiers essentiels de première ligne. Durant le confinement, certains citoyens ont même exprimé spontanément chaque soir à 20h leur soutien au corps médical en frappant dans les mains.
C’était pour Elizabet aussi un moment où elle avait une pensée pour les malades qui ont pu s’en sortir, mais aussi pour les autres travailleurs de terrain comme le personnel d’entretien.